A. Rome au “ Bas-Empire “1. InstitutionsL’Empire romain du Bas-Empire était immense et centré sur la méditerranée, ses frontières sont très bien délimitées depuis que ce dernier a arrêté son expansion, et il était doté d’une administration complexe très structurée et hiérarchisée.
Vers le IIIeme siècle PCN, l’Empire romain cesse sa politique de conquête et fortifie ses frontières avec des légions et des fortifications de tous genres. Cette époque correspond aussi à l’une des plus grandes crises économiques, politiques, et monétaire que connait cet empire. Vers la fin de ce siècle, les empereurs qui se succèdent instituent une série de réformes afin de mieux gérer cet immence empire de manière plus efficace.
Sous Dioclétien (mort en 307), l’empire connait de nouvelles divisions administratives afin d’alléger la lourde tâche que réprésente sa gestion et apparaît alors une tétrarchie pour le diriger. Malgré cette division adminsitrative entre la partie occidentale et orientale de l’Empire romain, le peuple perçoit toujours l’empire comme unique sous Constantin (mort en 337).
A la mort de Théodose en 395, l’Empire romain est divisé de manière définitive en deux empires: l’Empire romain d’Occident, sur lequel règne Honorius à Rome, et l’Empire romain d’Orient, sur lequel règne Arcadius à Constantinople.
L’idée que l’Empire romain reste unique malgré deux empires perdure et l’empereur garde les prérogatives qui étaient siennes auparavant: il reste le chef de l’administration, de l’armée, et de la religion.
Pour gérer efficacemment un empire aussi vaste, il fallait une administration très organisée. Tout était donc consigné sur des papyrus, lesquels papyrus se conservent très mal dans un climat humide et pourrissent rapidement, ce qui fait que nous avons retrouvé très peu de documents originaux, sauf en Egypte.
Par ailleurs, les romains s’étaient également dotés d’un immense réseau routier qui permettait l’acheminement rapide des informations et des troupes.
Comme le pouvoir romain était un pouvoir central, l’empereur était entouré d’une court (ou d’un palais) afin de l’assister dans sa tâche. Parmi ces conseillers et hauts fonctionnaires, on retrouvait le maître de la chancellerie (premier ministre), le compte des hautes largesses (ministre des finances), ainsi qu’une série de secrétaires.
Pour faire le lien entre le pouvoir central et local, il existait une série de fonctionnaires qui relevaient de la hiérarchie suivante: l’empereur, les préfets, les sous-préfets, les gouverneurs, les défenseurs de la cité.
Les fonctionnaires: La division administrative qu’ils gèrent:
Le préfet
La préfecture (des Gaules, d’Italie, d’Afrique, ou d’Orient)
Le sous-préfet
Le diocèse
Le gouverneur
La province
Le défenseur de cité
La cité
Notons par ailleurs que ce système de cités/ provinces restera en place jusque Philippe II (en 1559), à la différence près que les évêques s’occuperont des cités, et les archevêques, des provinces.
En ce qui concerne nos régions, elles étaient divisées en deux provinces et avaient pour chef-lieu des grandes villes de l’époque. Ainsi, en Belgique, il y avait la province de Belgique I (Trèves) et la province de Belgique II (Reims); de même en Germanie, il y avait la province de Germanie I (Mayence) et la province de Germanie II (Cologne).
2. JusticeC’est dans ce cadre qu’évolue la justice. Le droit romain est un droit codifié écrit, dont la base est le code théodosien (promulgué en 438), qui est sans cesse actualisé comme l’est notre droit.
De même, le droit romain présentait l’avantage de pouvoir faire appel et l’accusé était présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit démontrée.
3. ArméePour défendre un empire aussi vaste, il faut une armée puissante et très organisée, capable de faire face à toutes les invasions. L’armée romaine était donc un corps à part entière avec ses propres lois et coutumes qui était sous le contrôle absolu de l’empereur qui déléguait ses pouvoirs militaire au généralissime.
Les légions romaines étaient réparties en deux groupes:
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L’armée de frontière (limitanei): qui était une armée fixe dirigée par un dux et qui avait pour tâche de protéger les frontières de l’empire (limes).
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L’armée de mouvement (comitantes): qui était une armée mobile et qui devait se déplacer à grande vitesse au sein de l’empire
Par ailleurs, plus on progresse chronologiquement dans l’empire, moins les légions romaines sont composées de citoyens, comme c’était le cas auparavant. Désormais, les légionnaires sont des étrangers (germains, berbères, et autres…) qui s’enrôlent pour un service militaire allant de 20 à 30 ans.
Si l’armée constituait un lieu d’intégration important, elle constituait un lieu d’ascension tout aussi important: en effet, il n’était pas rare qu’un généralissime des armées romaines ne fut pas d’origine romaine.
Enfin, soulignons que cet afflux d’étrangers permettait la diffusion de la culture romaine: en effet, ces étrangers finissaient par adopter le mode de vie romain durant leur service militaire et, quand ils étaient relevé de leur service, ils rentraient chez eux et partagaient leur expérience romaine avec leur entourage.
4. L’aspect socio-économiqueAvant tout autre chose, l’Empire romain était un régime esclavagiste avec des classes sociales bien définies dont la base était l’esclave. La société romaine était une société très statique et l’ascension sociale y était exceptionnelle, tout cela par facilité administrative, notamment avec la réactualisation du cadastre (tous les 7 ans).
Autre exemple, si une terre était vendue, toutes les personnes, qui y vivaient, sont vendues avec.
De même pour les hautes fonctions, seul un aristocrate romain de haute noblesse pouvait espérer y accéder.
Par ailleurs, cette aristocratie sénatoriale, composée en grande partie de familles de vieille noblesse romaine, disposaient de privilèges héréditaires: ils étaient exemptés d’impôts, avaient des privilèges fiscaux, pouvaient siéger au Sénat, et pouvaient lever des milices privées.
En plus d’être largement privilégiée, la noblesse romaine possédait des grandes richesses autant matérielles qu’intellectuelles.
L’Empire romain était très uniformisé afin de faciliter la vie des romains: il y avait une monnaie uniforme et de valeur égale en tous lieux, les tarifs commerciaux étaient également les mêmes partout.
Le système monétaire romain était composé du sou d’or, du silique d’argent, et du nummus (ou follis) de bronze.
L’avantage de système était de pouvoir diffuser aisément des marchandises de tous types dans tout l’empire, lesquelles étaient taxées à tout niveau de commerce, ce qui permettait à l’état d’utiliser les revenus générés par ces taxes pour financer une politique de grands travaux.
5. La religionA partir du IVeme siècle PCN, on assiste progressivement à la montée du christianisme qui se diffuse dans tout l’empire et qui est finalement reconnue comme religion officielle sous le règne de Constantin.
Vers 380, l’empereur Théodose fait du christianisme une religion d’Etat et proscrit toutes les autres religions qui existaient au sein de l’empire. A partir de cette époque, tous les empereurs romain seront chrétiens, exception faite de Julien l’Apostat et ils conserveront leur rôle de chef de la religion (Pontifex Maximus).
Dés lors, les citoyens romains se convertissent au christianisme et tous les fidèles des cultes païens sont impitoyablement pourchassés et mis à mort. Etant donné que le christianisme était principalement une religion de ville, les cultes païens survivants sont principalement honorés par des paysans (paganus), ce qui donnera plus tard le terme “ paganisme “ pour désigner les cultes païens.
Très rapidement, le christianisme se répand dans les structures administratives de l’état: des évêques sont nommés par l’empereur à la tête des cités et des archevêques (ou évêques métroplites) à la tête des provinces.
Par ailleurs, plusieurs évêques se démarqueront du clergé de manière symbolique: les évêques de Rome, de Constantinople, de Jérusalem, de Carthage, et d’Alexandrie.
Grâce au rôle que joue l’empereur, la religion chrétienne est financée par l’Etat, elle réaménage les anciens lieux de cultes et temples pour son compte, et obtient quelques privilèges tels que le fait que l’Eglise est exemptée d’impôts et et que nul ne peut reprendre les terres qu’il a donnée à l’Eglise, pas même l’Etat.
C’est dans ce cadre qu’apparaîtra la distinction progressive entre les deux types de clergés:
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Le clergé séculier: était le clergé originel, celui des prêtres qui officient dans le monde pour et avec les fidèles. Parmi eux, on retrouve notamment les évêques.
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Le clergé régulier: apparu plus tard au IVeme siècle, ce clergé est celui des religieux qui ont choisi de consacrer leur vie uniquement à Dieu et qui s’isolent du monde extérieur afin de mieux le servir.
Une fois qu’il est établi dans l’empire, le christianisme va débuter ses grands débats théologiques (principalement durant les IIIeme, IVeme, et Veme siècles) afin de mieux définir le catholicisme. C’est avec ces débats qu’apparaîtra pour la première fois le concept d’hérésie en raison des affrontements entre les différentes tendances qui chercheront chacun à imposer leur point de vue jusqu’à ce que l’empereur tranche.
Lorsqu’ils cherchèrent à définir la trinité, les religieux se divisèrent selon deux grandes tendances:
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Le nicéisme (qui donnera naissance au catholicisme): ce courant est celui qui résulta du concile de Nicée en 325. Selon ce courant, le Père, le Fils, et le Saint Esprit sont égaux.
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L’arianisme: fondé par Arius, évêque de Constantinople, ce courant affirmait qu’il y avait une hiérarchisation dans la trinité et que le Père était supérieur au Fils et au Saint Esprit.
Finalement, le courant nicéen s’imposa et les ariens furent considérés comme des hérétiques. Seulement, les empereurs, qui avaient succédé au concile de Nicée, avaient envoyé des prêtres convertir les populations de Germanie au christianisme et ces prêtres étaient ariens de convictions.
Parmi eux, l’évêque Wulfila qui enseigna et qui traduisit la Bible en langue vernaculaire (autrement dit, en gotique), ce qui marqua les prémices de la littérature germanique.
Un autre courant hérétique fut le nestorianisme: Nestorius, son fondateur, croyait que Jésus était né homme et que sa nature divine ne lui venait pas de la Vierge Marie, mais bien du père de Jésus. Une fois encore, ce courant fut déclaré hérétique lors d’un concile ou l’arbitrage de l’empereur fut demandé.
Tout ces débats relèvent en réalité du processus de création d’une religion.